Raisons de Croire
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L'argument cosmologique
Fixez votre regard sur l’univers – sur toute la réalité telle qu’on la connaît.
Pourquoi tout cela existe-t-il ? Est-ce le fruit du hasard ? Existe-t-il depuis toujours ?
Avec logique et précision, l’argument cosmologique nous explique que non,
l’existence de l’univers n’est ni accidentelle, ni éternelle.
Pourquoi tout cela existe-t-il ? Est-ce le fruit du hasard ? Existe-t-il depuis toujours ?
Avec logique et précision, l’argument cosmologique nous explique que non,
l’existence de l’univers n’est ni accidentelle, ni éternelle.
L’ARGUMENT COSMOLOGIQUE
À vrai dire, il n’y a pas un mais plusieurs arguments cosmologiques, mais ils partent tous du même constat – l’univers existe – pour arriver tous à la même conclusion – Dieu existe. Ici nous nous contenterons de regarder de plus près deux de ces arguments :
L’argument cosmologique de Leibniz
Philosophe et mathématicien allemand connu pour avoir décrit le principe du calcul binaire, Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) était admiré de Diderot, qui a écrit de lui dans son Encyclopédie : « Lorsqu’on revient sur soi, et qu’on compare les petits talents qu’on a reçus avec ceux d’un Leibniz, on est tenté de jeter loin les livres, et d’aller mourir tranquille au fond de quelque recoin ignoré ».
L’argument de Leibniz est fondé sur le Principe de Raison Suffisante (PRS), un principe philosophique né à l’ère des philosophes antiques et qui affirme que tout ce qui existe doit avoir une explication de son existence.
L’argument cosmologique de Leibniz peut être formulé ainsi :
Avec cet argument, nous pouvons démontrer par la logique que l’univers a bien une explication – et que cette explication est une cause externe. Mais ce n’est pas tout. Car « l’univers » n’est pas une chose à part entière mais un ensemble de choses : la matière, l’espace, le temps… Or, par définition la cause de ces différentes choses doit toutes les transcender. La cause de l’univers est donc immatérielle, non spatiale et intemporelle.
Face à cette conclusion, certains pourraient répliquer que l’univers n’a pas de cause car il est éternel. Mais il existe d’excellents arguments en faveur d’un commencement absolu de l’univers, dont le plus apprécié est sans doute le suivant :
L’argument cosmologique du Kalam
Rendu célèbre par William Lane Craig, cet argument puise ses origines dans les travaux du philosophe et théologien musulman Abû-Hâmid Al-Ghazâlî (v. 1055-1111), qui a écrit dans son traité philosophique L’Incohérence des Philosophes (v. 1093) que la position aristotélicienne d’un univers éternel était tout simplement absurde.
Cet argument peut être formulé ainsi :
Examinons la première prémisse. En réfléchissant quelques instants, on arrive sans grande difficulté à se rendre compte que les choses ne viennent pas à l’existence sans être causées et à partir de rien. Un tel phénomène pourrait avoir lieu à Poudlard sans doute, mais dans la vraie vie les choses n’apparaissent pas toutes seules et sans cause.
C’est au niveau de la deuxième prémisse que cela se complique un peu car pendant plus de deux mille ans, d’Aristote jusqu’aux actuels défenseurs de la théorie de l’inflation éternelle, de grands esprits ont argumenté en faveur d’un univers sans commencement. Pourtant, les arguments philosophiques et scientifiques en faveur d’un univers qui a bel et bien commencé à exister abondent.
D’abord, la notion de l’infini actuel (l’infini en acte), bien qu’utile en discours mathématique, ne peut pas être transposée au monde réel car un nombre infini de choses entraînerait des absurdités. Peut-être la plus célèbre illustration du genre d’absurdités que l’infini actuel engendrait dans la réalité est l’Hôtel de Hilbert, une expérience théorique pensée par le mathématicien David Hilbert (1862-1943), qui a déclaré, « L’infini ne se trouve nulle part dans la réalité. Il n’existe ni dans la nature ni comme base de la pensée rationnelle… Le rôle qu’il reste à l’infini à jouer se réduit à celui d’une idée ».
Notons au passage que le symbole mathématique désignant l’infini actuel est l’aleph (ℵ), la première lettre de l’alphabet hébraïque. Choisi en tant que tel par le mathématicien Georg Cantor (1845-1918), fervent luthérien d’ascendance juive dont la foi chrétienne a joué un rôle fondamental sur son œuvre, l’aleph est particulièrement lourd de sens spirituel. Est-ce un hasard ? Certainement pas. L’infini appartient à l'Éternel.
Mais il y a d’autres excellentes raisons de rejeter la notion d’un univers sans commencement. Même sans nier qu’un nombre infini actuel de choses puisse exister, il reste impossible, selon Al-Ghazâlî, qu’une collection formée par l’adjonction de membres l’un après l’autre puisse être infinie. Imaginez un tombé de dominos. La chute de chaque domino provoque celle du domino qui lui succède. Or, cette séquence d’évènements a dû avoir un début. Pour arriver à la chute du 100ème ou du 1000ème ou du 1000000000ème domino, un tout premier domino doit forcément être tombé à un moment donné. Si nous prenons le jour que nous vivons aujourd’hui comme une sorte d’ultime domino, il est impossible qu’un nombre infini de jours ait précédé celui-ci. De la même façon que l’on ne peut pas compter jusqu’à l’infini, on ne peut pas décompter en partant de l’infini.
Pour ceux qui seraient non convaincus par les deux arguments précédents, il en reste un troisième : l’expansion de l’univers. Jusqu’aux années 1920, les scientifiques avaient considéré que l’univers était fixe et éternel. Or, la relativité générale (v. 1915) d’Albert Einstein ne permettait pas un modèle éternel. De la même manière, les équations (v. 1922) du mathématicien Alexander Friedmann et le modèle (v. 1927) de l’astrophysicien (et prêtre !) Georges Lemaître révélaient indépendamment un univers en évolution. En 1929, le travail de l’astronome Edwin Hubble sur le décalage vers le rouge de la lumière provenant des galaxies lointaines a confirmé l’expansion de l’univers prédite par Friedmann et Lemaître sur la base des travaux d’Einstein. En extrapolant cette expansion en arrière dans le temps, la densité de l’univers croît progressivement tandis que toutes les distances dans l’univers se raccourcissent jusqu’à un point zéro, autrement dit une singularité cosmologique initiale. Le commencement de l’univers prédit par ce modèle représente alors le début de toute la matière, l’énergie, la température, la pression et même l’espace-temps. Se moquant de cette idée, le physicien Fred Hoyle l’a surnommée Big Bang et le nom est resté.
De nos jours, la théorie du Big Bang est si bien ancrée dans les esprits qu’il est difficile de croire que la communauté scientifique ait pu en nier la validité. Et pourtant, il a fallu attendre 1964, année de la découverte du fond diffus cosmologique, pour aller décisivement vers un consensus scientifique en faveur du Big Bang. Mais les implications métaphysiques d’un commencement absolu de l’univers sont restées à travers de la gorge de bon nombre de scientifiques qui n’ont cessé de proposer des modèles alternatifs au Big Bang dans l’espoir de restaurer un univers éternel : stationnaire, oscillant, fluctuant, inflationnaire, gravité quantique… Hélas pour eux, en dépit du génie de toutes ces théories, aucune n’échappe au « problème » d’un commencement cosmique.
Mais le coup de grâce de l’univers éternel est porté par la deuxième loi de la thermodynamique, selon laquelle l’énergie dans un système clos tend vers un état d’équilibre. Cela implique que l’énergie de l’univers disponible pour le travail se dissipe petit à petit, et que, par conséquent, l’univers arrivera inéluctablement au stade où toute l’énergie sera uniformément distribuée et la vie ne sera plus possible. Ce triste destin s’appelle la mort thermique. Mais alors, si l’univers a existé depuis toujours, pourquoi n’est-il pas aujourd’hui dans un état de mort thermique ? Il n’y a pas d’autre conclusion possible : l’univers a eu un commencement.
- L’argument cosmologique de Leibniz
- L’argument cosmologique du Kalam
L’argument cosmologique de Leibniz
Philosophe et mathématicien allemand connu pour avoir décrit le principe du calcul binaire, Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) était admiré de Diderot, qui a écrit de lui dans son Encyclopédie : « Lorsqu’on revient sur soi, et qu’on compare les petits talents qu’on a reçus avec ceux d’un Leibniz, on est tenté de jeter loin les livres, et d’aller mourir tranquille au fond de quelque recoin ignoré ».
L’argument de Leibniz est fondé sur le Principe de Raison Suffisante (PRS), un principe philosophique né à l’ère des philosophes antiques et qui affirme que tout ce qui existe doit avoir une explication de son existence.
L’argument cosmologique de Leibniz peut être formulé ainsi :
- Tout ce qui existe a une explication de son existence, soit par la nécessité de sa nature même, soit par une cause externe (cf. le PRS) ;
- L’univers existe ;
- Donc l’existence de l’univers a une explication ;
- L’explication de l’univers n’est pas par la nécessité de sa nature même ;
- Donc, l’explication de l’univers est par une cause externe.
Avec cet argument, nous pouvons démontrer par la logique que l’univers a bien une explication – et que cette explication est une cause externe. Mais ce n’est pas tout. Car « l’univers » n’est pas une chose à part entière mais un ensemble de choses : la matière, l’espace, le temps… Or, par définition la cause de ces différentes choses doit toutes les transcender. La cause de l’univers est donc immatérielle, non spatiale et intemporelle.
Face à cette conclusion, certains pourraient répliquer que l’univers n’a pas de cause car il est éternel. Mais il existe d’excellents arguments en faveur d’un commencement absolu de l’univers, dont le plus apprécié est sans doute le suivant :
L’argument cosmologique du Kalam
Rendu célèbre par William Lane Craig, cet argument puise ses origines dans les travaux du philosophe et théologien musulman Abû-Hâmid Al-Ghazâlî (v. 1055-1111), qui a écrit dans son traité philosophique L’Incohérence des Philosophes (v. 1093) que la position aristotélicienne d’un univers éternel était tout simplement absurde.
Cet argument peut être formulé ainsi :
- Tout ce qui a commencé à exister a une cause ;
- L’univers a commencé à exister ;
- Donc, l’univers a une cause.
Examinons la première prémisse. En réfléchissant quelques instants, on arrive sans grande difficulté à se rendre compte que les choses ne viennent pas à l’existence sans être causées et à partir de rien. Un tel phénomène pourrait avoir lieu à Poudlard sans doute, mais dans la vraie vie les choses n’apparaissent pas toutes seules et sans cause.
C’est au niveau de la deuxième prémisse que cela se complique un peu car pendant plus de deux mille ans, d’Aristote jusqu’aux actuels défenseurs de la théorie de l’inflation éternelle, de grands esprits ont argumenté en faveur d’un univers sans commencement. Pourtant, les arguments philosophiques et scientifiques en faveur d’un univers qui a bel et bien commencé à exister abondent.
D’abord, la notion de l’infini actuel (l’infini en acte), bien qu’utile en discours mathématique, ne peut pas être transposée au monde réel car un nombre infini de choses entraînerait des absurdités. Peut-être la plus célèbre illustration du genre d’absurdités que l’infini actuel engendrait dans la réalité est l’Hôtel de Hilbert, une expérience théorique pensée par le mathématicien David Hilbert (1862-1943), qui a déclaré, « L’infini ne se trouve nulle part dans la réalité. Il n’existe ni dans la nature ni comme base de la pensée rationnelle… Le rôle qu’il reste à l’infini à jouer se réduit à celui d’une idée ».
Notons au passage que le symbole mathématique désignant l’infini actuel est l’aleph (ℵ), la première lettre de l’alphabet hébraïque. Choisi en tant que tel par le mathématicien Georg Cantor (1845-1918), fervent luthérien d’ascendance juive dont la foi chrétienne a joué un rôle fondamental sur son œuvre, l’aleph est particulièrement lourd de sens spirituel. Est-ce un hasard ? Certainement pas. L’infini appartient à l'Éternel.
Mais il y a d’autres excellentes raisons de rejeter la notion d’un univers sans commencement. Même sans nier qu’un nombre infini actuel de choses puisse exister, il reste impossible, selon Al-Ghazâlî, qu’une collection formée par l’adjonction de membres l’un après l’autre puisse être infinie. Imaginez un tombé de dominos. La chute de chaque domino provoque celle du domino qui lui succède. Or, cette séquence d’évènements a dû avoir un début. Pour arriver à la chute du 100ème ou du 1000ème ou du 1000000000ème domino, un tout premier domino doit forcément être tombé à un moment donné. Si nous prenons le jour que nous vivons aujourd’hui comme une sorte d’ultime domino, il est impossible qu’un nombre infini de jours ait précédé celui-ci. De la même façon que l’on ne peut pas compter jusqu’à l’infini, on ne peut pas décompter en partant de l’infini.
Pour ceux qui seraient non convaincus par les deux arguments précédents, il en reste un troisième : l’expansion de l’univers. Jusqu’aux années 1920, les scientifiques avaient considéré que l’univers était fixe et éternel. Or, la relativité générale (v. 1915) d’Albert Einstein ne permettait pas un modèle éternel. De la même manière, les équations (v. 1922) du mathématicien Alexander Friedmann et le modèle (v. 1927) de l’astrophysicien (et prêtre !) Georges Lemaître révélaient indépendamment un univers en évolution. En 1929, le travail de l’astronome Edwin Hubble sur le décalage vers le rouge de la lumière provenant des galaxies lointaines a confirmé l’expansion de l’univers prédite par Friedmann et Lemaître sur la base des travaux d’Einstein. En extrapolant cette expansion en arrière dans le temps, la densité de l’univers croît progressivement tandis que toutes les distances dans l’univers se raccourcissent jusqu’à un point zéro, autrement dit une singularité cosmologique initiale. Le commencement de l’univers prédit par ce modèle représente alors le début de toute la matière, l’énergie, la température, la pression et même l’espace-temps. Se moquant de cette idée, le physicien Fred Hoyle l’a surnommée Big Bang et le nom est resté.
De nos jours, la théorie du Big Bang est si bien ancrée dans les esprits qu’il est difficile de croire que la communauté scientifique ait pu en nier la validité. Et pourtant, il a fallu attendre 1964, année de la découverte du fond diffus cosmologique, pour aller décisivement vers un consensus scientifique en faveur du Big Bang. Mais les implications métaphysiques d’un commencement absolu de l’univers sont restées à travers de la gorge de bon nombre de scientifiques qui n’ont cessé de proposer des modèles alternatifs au Big Bang dans l’espoir de restaurer un univers éternel : stationnaire, oscillant, fluctuant, inflationnaire, gravité quantique… Hélas pour eux, en dépit du génie de toutes ces théories, aucune n’échappe au « problème » d’un commencement cosmique.
Mais le coup de grâce de l’univers éternel est porté par la deuxième loi de la thermodynamique, selon laquelle l’énergie dans un système clos tend vers un état d’équilibre. Cela implique que l’énergie de l’univers disponible pour le travail se dissipe petit à petit, et que, par conséquent, l’univers arrivera inéluctablement au stade où toute l’énergie sera uniformément distribuée et la vie ne sera plus possible. Ce triste destin s’appelle la mort thermique. Mais alors, si l’univers a existé depuis toujours, pourquoi n’est-il pas aujourd’hui dans un état de mort thermique ? Il n’y a pas d’autre conclusion possible : l’univers a eu un commencement.
Conclusion
Ayant démontré la véracité des deux premières prémisses de l’argument cosmologique du Kalam (tout ce qui a commencé à exister a une cause ; l’univers a commencé à exister), il s’ensuit logiquement que l’univers a une cause. Comme nous l’avons vu précédemment en examinant la conclusion de l’argument cosmologique de Leibniz, si l’univers a une cause, cette cause par définition doit être en dehors de l’univers et de tout ce qui le compose (matière, énergie, espace-temps…).
A ce portrait de la cause de l’univers, le Kalam nous permet d’ajouter une caractéristique essentielle : la cause est personnelle. Pourquoi ? Parce que, qui dit création dit créateur et donc, la volonté de créer.
Ayant démontré la véracité des deux premières prémisses de l’argument cosmologique du Kalam (tout ce qui a commencé à exister a une cause ; l’univers a commencé à exister), il s’ensuit logiquement que l’univers a une cause. Comme nous l’avons vu précédemment en examinant la conclusion de l’argument cosmologique de Leibniz, si l’univers a une cause, cette cause par définition doit être en dehors de l’univers et de tout ce qui le compose (matière, énergie, espace-temps…).
A ce portrait de la cause de l’univers, le Kalam nous permet d’ajouter une caractéristique essentielle : la cause est personnelle. Pourquoi ? Parce que, qui dit création dit créateur et donc, la volonté de créer.
« Sur la base d’une analyse conceptuelle de la conclusion qu’implique l’argument cosmologique de Kalam, il est par conséquent possible d’inférer qu’un Créateur personnel de l’univers existe, Créateur non causé, sans commencement, immuable, immatériel, intemporel, non dimensionnel et puissant au-delà de toute imagination. Ce Créateur, comme Thomas d’Aquin avait l’habitude de remarquer, est ce que tout le monde appelle “Dieu”. »
William Lane Craig, Foi Raisonnable